• 25 août

    Le régiment reçut l’ordre d’attaquer Baccarat.

    Cet ordre fut communiqué verbalement aux officiers vers carrefour route Bizon Baccarat et Baccarat-Ménil.

    Le Colonel indique l’ordre de marche des bataillons 3e, 1er, 2e.

    Le régiment en colonne par 4 précédé d’une AG (avant-garde) entra dans Baccarat et arriva jusqu’au pont.

    Une fusillade nourrie (mitrailleuses et fusils) accueillit les premiers éléments dès qu’ils s’engagèrent dans la rue qui conduit au pont. Cette rue était complètement balayée par les balles.

    Après quelques arrêts et une marche assez lente par suite de la nécessité de passer le long des maisons, les unités arrivèrent successivement au pont.

    L’attaque ne réussit pas. Les bataillons se reportèrent en arrière et dépassèrent le 38e qui se trouvait dans le bois SO de Baccarat.

    La plupart des éléments du  87e  se reconstituèrent au carrefour des routes Baccarat-Bazien et Baccarat-Ménil. Le mouvement en avant sur Baccarat fut de nouveau ordonné.

    Ce mouvement fut suivi, peu après, d’un mouvement de repli sur Sainte-Barbe.

    Dans cette marche en retraite, les unités étaient représentées par un nombre d’hommes assez faible.

    En cours de route, le Colonel reçut l’ordre de participer à une attaque qui allait être ordonnée sur les bois de la Pêche (1 Km NO de Sainte-Barbe).

    Deux compagnies seulement furent constituées. L’une sous les ordres du capitaine Chaumeton, l’autre sous les ordres du capitaine Blanchard.

    Après une demi-heure de stationnement, l’assaut fut donné sur la lisière du bois.

    L’ennemi se retira en abandonnant la lisière.

    La poursuite se fit, mais elle fut arrêtée par une contre-attaque ennemie.

    Le mouvement de repli commença.

    Pendant l’assaut, le Colonel  Couturaud, commandant le régiment, tomba grièvement blessé.

    Les éléments du 87e se retrouvèrent divisés en 2 groupes dont l’un se replia en liaison avec le 158e vers St Benoît, l’autre sur Rambervillers (Caserne).

    Le groupe qui s’était retiré vers St Benoît comprenait la musique, une partie de la LHR, les sections de mitrailleuses et des fractions de toutes les compagnies du régiment. Ce groupe était sous les ordres du capitaine Blanchard.

    En cours de route, il reçut l’ordre verbal suivant d’un officier d’E.M. sur la route de St Benoît à Bru.

    La 49e brigade reste rattachée au 21e corps.

    Toutes les troupes disponibles doivent se placer au bivouac face au N les têtes de colonnes à hauteur de la route.

    La 87e se placera près des premières maisons à l’E de Bru, la 38e à sa droite.

    L’offensive générale doit être reprise demain matin.

    Bivouac en colonne double à l’emplacement indiqué. Pas de distributions.

     

    26 août

    Du général de brigade 

    La 87e va suivre la 38e qui se porte sur Rambervillers.

    Une formation de rassemblement de la brigade est prise à la sortie E de Rambervillers.

    Peu après, la brigade précédée d’une AG constituée par le 38e doit marcher sur Roville-aux-Chênes. Ils s’engagent sur cette route.

    Le général de brigade apprenant que Roville-aux-Chênes est occupé par l’ennemi, ordonne à la brigade de faire demi-tour et de marcher sur Romont.

    Le 38e prend une formation de rassemblement à la lisière des bois au S de Romont et fait la grand’ halte.

    Le 86e, qui n’a pas été ravitaillé depuis 3 jours, fait la grand’ halte entre Romont et Maysuront.

    Le général de brigade prescrit au capitaine commandant le 86e de chercher à se réapprovisionner auprès des corps les plus voisins.

    Le 38e ne peut rien donner.

    Le 98e remet aux corps, après sa distribution terminée, pain, viande de conserve, sucre et café.

    Cette distribution représente à peu près 1/5e de ration en pain.

    Ces vivres sont consommés immédiatement.

    Après la grand’ halte, le 87e lie son mouvement au 98e.

    Un officier d’Etat Major du 13e C d’A (corps d’armée) signale à ce moment la présence d’un détachement du 86e ayant cantonné à Rambervillers le 25 août. Et il donne comme indication que le 13e C d’A étant à Romont, des ordres pourront être donnés. Le détachement marche sur Romont où il cantonne avec l’E.M. (état major) de la brigade.

    Le général de brigade prescrit de se diriger sur Roville-aux-Chênes le lendemain matin.

    Le 87e n’est pas encore ravitaillé.

    L’officier d’administration de l’E.M. de la 25e division remet au corps les rations restant disponibles dans ses fourgons, pain, pain de guerre et boites de conserve.

    L’ensemble de ces vivres représentant à peu près 1/5e de ration.

     

    27 août

    Le détachement de Romont se met en marche sur Roville-aux-Chênes où il arrive à 6 H ½.

    Il existait à Roville, depuis la veille, un détachement commandé par le capitaine Chaumeton.

    Les 2 détachements sont fondus et le régiment réorganisé.

    Le général de brigade donne le commandement du régiment au capitaine Blanchard.

     

    Pertes constatées pour la journée du 25 août :

                                          Officiers                              Troupe

    Tués                                     2                                       14

    Blessés                                11                                     276

    Disparus                              6                                      380

     

    Officiers tués : M.M.  SOUQUES, capitaine et BASSET lieutenant.

    Blessés :              COUTURAUD, colonel

                               HIGOTHLOGER, chef de bataillon

                               DARNE, capitaine

                               CAILLET, lieutenant

                               MAGNIN, lieutenant

                               ROLLAND, sous-lieutenant

                               AUNEDET , sous-lieutenant

                               ENGLE, sous-lieutenant

                                DEMINIERE, sous-lieutenant

                               DEGUIN, sous-lieutenant

                               GOBILLOT, sous-lieutenant

    Disparus :            FENETRE, chef de bataillon

                               GUICHARD, capitaine

                               TONDEUR, capitaine

                               BELANBRE, sous-lieutenant

                               GABRIEL, sous-lieutenant

                               COUSSERAND, sous-lieutenant

     

    Après réorganisation, le régiment se trouve reconstitué d’après le tableau ci-après :

     

    Tableau de la composition du corps :

    Etat Major MM        BLANCHARD, capitaine, chef de corps

                                   GUIGUET, lieutenant, officier de détails

                                   GAMOT, lieutenant, officier d’approvisionnement

                                   BERTHOMMIER, lieutenant, porte-drapeau

                                   RICHER, chef de musique et clairon

                                   NENON, médecin aide major de 2e classe, chef de service

    1er bataillon       

                    Chef de bataillon : lieutenant PANTALACCI

                    Médecin : M. THEODAT, médecin

    1e compagnie    M. GAUDON, lieutenant

    2e compagnie    M. De CHENERILLES, sous-lieutenant

    3e compagnie    M. ALEX, sous-lieutenant

    4e compagnie    M. ROCHETTE, lieutenant

    2e bataillon

                    M. CHAUMETON, capitaine

                    Médecin : médecin auxiliaire HENRY

    5e compagnie    M. DUCLOS, sous-lieutenant

    6e compagnie    M. SAYN, lieutenant

    7e compagnie    M. SORBIER, sous-lieutenant

    8e compagnie    M. GROSCOLAS, lieutenant

     

    3e bataillon

                    M. HERMANT, lieutenant

                    Médecin   M. ROUSSET médecin aide-major 2e cl

                    9e compagnie    M. SAVOYE, lieutenant

                    10e compagnie  M. GROS, sous-lieutenant

                     11e compagnie  M. BONNET, sous-lieutenant

                     12e compagnie  M. SERVE, adjudant-chef

     

    Troupe   1722

    Les sections de mitrailleuses sont commandées par les sergents adjoints aux chefs de section.

     

    De l’ordre général n° 27 (général de division)

    La 1e armée a encore gagné du terrain hier.

    La 2e armée victorieuse a entamé la poursuite de l’ennemi qui parait comprendre en face de la 1e armée des éléments des 1e et 2e Bavarois et du 21e C.d’A.

    Les positions conquises seront mises en état de défense.

    La 25e division partant du front Roville Ardancourt attaquera sur le front Doncières-Domptail- direction générale Flin.

    La 49e brigade partant de Roville-aux-Chênes attaquera dans la direction de Doncières. La 5e brigade marchera sur St Maurier-Menu Bois - Kaffevillers.

    Premiers objectifs à atteindre : crête de la Grande Pucelle, Xaffévillers et Iloncières.

    Après la prise de Doncière la 49e brigade prêtera son appui à la 44e division pour l’enlèvement de Ménarmont.

    2 objectifs : position de Domptail, constituée par Bois du Chêne Creux-Domptail, et Bois de la Chambre.

     

    800 réservistes du 87e et du 38e partiront de Rambervillers pour Romont à 5 heures et seront mis à la disposition de leurs corps.

    Le 86e est maintenu à Roville pendant l’attaque du 38e sur Doncières.

    En raison de la canonnade violente à laquelle est soumisle village de Roville, les réservistes sont maintenus à Romont.

     

    20 heures – les Allemands prononcent une contre-attaque.

     

    Cantonnement EM 49e brigade 38e et 86e Roville

    Détachement    .........   Romont

     

    Tués      officiers   1          M. le sous-lieutenant CAMISOLLE

                    Troupe  6

    Blessés                   156

    Disparus    7

    Evacués    7                                                                                      

      

      

      

    Source : www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr


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  •         La transformation des uniformes de tous nos officiers est depuis plusieurs mois préparée activement et même en voie de réalisation prochaine.

             Dès les premiers jours de la guerre, en effet, notre commandement s’est préoccupé de diminuer le plus possible la visibilité des uniformes qui créait pour les troupes du front un véritable danger. Le service de l’intendance a poussé l’étude et l’exécution des transformations nécessaires avec l’activité que reconnaissaient, ces jours derniers les Commissions du Sénat et de la Chambre.

             Cette étude a conclu, tout d’abord, à la suppression absolue de toutes les parties rouges ou de couleur foncée.

             Quant à la couleur générale à adopter, on avait proposé, d’une façon très logique une nuance neutre. Or, les nuances neutres les plus simples étaient déjà prises par d’autres puissances européennes (le kaki par les Anglais, le gris par les Allemands, le gris-vert par les Italiens). En outre, il convenait de distinguer d’une façon nette nos combattants de ceux des armées allées ou ennemies pour éviter sur le champ de bataille toute confusion pouvant amener des méprises susceptibles de tromper le commandement ou de coûter la vie à nos soldats.

             Aussi l’intendance militaire a-t-elle cherché la teinte neutre dans les diverses nuances de bleu qui a toujours été la couleur caractéristique de nos uniformes ; et elle a réussi, en la rendant très claire, à obtenir une teinte qui, sur tous les fons que peut donner la nature dans les différentes régions et aux diverses époques de l’année, échappe absolument à l’œil à une faible distance ; on peut dire que c’est un véritable bleu d’horizon.

             Une fois la nuance type ainsi trouvée, elle a été adoptée pour les uniformes de toutes les armes. Puis on a distingué les différentes armes (infanterie, cavalerie, artillerie) au moyen d’écussons de couleurs caractéristiques portés sur les vareuses et les capotes. Enfin, dans chaque arme, on a distingué les différentes subdivisions (chasseurs à pied, zouaves, hussards, artilleurs de campagne, etc.), au moyen de soutaches d’une nuance spéciale posées sur l’écusson qui porte d’ailleurs, avec la même nuance, le numéro du régiment. De cette façon, tous les corps de troupes de l’armée française peuvent être ainsi nettement distingués par une marque simple et très apparente de près, sans constituer de loin pour l’ennemi une cible dangereuse.

             Quant aux signes distinctifs des différents grades qui ont rendu nos officiers et nos sous-officiers si vulnérables au début, on ne pouvait songer à en modifier la forme et l’emplacement au cours de la campagne, en raison de l’impossibilité d’organiser l’assimilation rapide de tous ces détails par l’énorme quantité d’hommes qui sont sur le front. Mais on a supprimé la visibilité de tous les galons des manches en réduisant leurs dimensions à quelques centimètres posés sur le milieu de la largeur de la manche ; de cette manière, cette amorce de galon se présente pour le tireur ennemi dans un sens très oblique et par suite très peu visible.

             Les signes distinctifs des armes, des régiments et des grades étant ainsi réalisés d’une façon très satisfaisante, sur les cols et les manches des vareuses et capotes, on a pu supprimer tous les ornements sur le képi qui forme généralement la cible la plus voyante, et qui, confectionné uniformément en drap bleu clair, est le même pour tous les officiers, sous-officiers et soldats de toutes les armes.

             Sur le désir du commandant en chef, l’administration militaire a même poussé son souci de résoudre le problème de l’invisibilité en adoptant pour tout le monde des bandes molletières en drap bleu clair et un équipement en cuir fauve bien moins visible que le noir actuel sur le nouveau drap. Mais il y avait encore à modifier nos uniformes habituels au point de vue de leur forme et de leur coupe qui convenaient plutôt à une utilisation de parade qu’à un service de campagne ; et là aussi l’intendance s’est efforcée de réaliser immédiatement toutes les améliorations possibles. C’est ainsi que la veste ajustée de nos troupiers a été remplacée par une vareuse ample et abondamment munie de poches ; de même le col droit engonçant de la capote a été remplacé par un col rabattu qui dégage le cou.

      

      

    Source : "La Haute-Loire" reproduction du texte original

    Archives Départementales 43 cote 2 Pb8

      

      

      

      


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  • Sur l'air de L'Internationale, cette chanson a été publiée dès septembre 1914 dans le journal "La Haute-Loire". Elle est signée J. C.-B. du 86e RI.

      

    Refrain :      C'est la lutte finale

                    Groupons-nous, et demain

                    La Terre Nationale

                    N'aura plus de Germains.

                    Méprisons la souffrance

                    Car on compte sur nous

                    Pour chasser de la France

                    Cette horde de loups !

     

    1 - Debout ! nous ont crié nos pères

    Voyez là-bas tous ces bandits

    Ils viennent égorger vos mèrs

    Ils viennent prendre vos petits.

    Vous avez du sang dans les veines,

    Du sang français, sang noble et beau,

    Mourez, la cause en vaut la peine,

    Pur la Patrie, pour son Drapeau.

      

    2 - La tête droite et l'âme haute

    Nous irons au feu tous en choeur,

    Pas un ne commettra de faute,

    Pas un ne sera déserteur !

    Puisque la France nous réclame

    Pour venger nos morts, nos aïeux,

    Nous irons de toute notre âme,

    Les jeunes soutiendront les vieux.

      

    3 - Nous mépriserons leur mitraille

    Et leurs feux de Bengale aussi,

    Car l'issue de cette bataille

    N'est pas douteuse, Dieu merci.

    Là-bas nous attend la victoire,

    Si nous perdons quelques amis

    Nous serons tous couverts de gloire

    Quand nous n'aurons plus d'ennemis.

      

      

    "Sous le Feu", 13 septembre 1914 - 86e Régiment d'Infanterie

    Source : AD43 cote 2 pB 8 "La Haute-Loire"

      

      

      

      


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  •       M. Francisque Enjolras, sénateur, remercie son excellent ami, M. Vernet, de son invitation ; il l’a acceptée avec plaisir, il y a répondu avec empressement et par devoir. Ses obligations parlementaires, au moment où se discutent ces graves questions d’ordre économique à l’ordre du jour du Parlement ne lui permettent pas toujours d’assister à toutes les cérémonies analogues auxquelles il est convié. Aussi a-t-il été particulièrement heureux de pouvoir venir à Saint-Julien-Chapteuil où il sait compter de vieilles et de nombreuses amitiés.

            A cette manifestation, il tient à associer le nom de son éminent collègue, M. Charles Dupuy, qui est de cœur avec nous et, se faisant l’interprète de tous les convives il lui adresse l’expression des vœux de l’assistance pour son prochain et complet rétablissement.

            Il exprime toute sa joie de se trouver au milieu d’amis qui lui ont donné librement leur confiance. Ils savent que son dévouement entier leur est acquis et qu’ils ne feront jamais appel en vain à son concours. C’est d’ailleurs avec un soin vigilant qu’il veille à la défense de leurs intérêts et de ceux de leurs communes et du canton. Il est heureux de voir à cette table M. Périès, préfet de la Haute-Loire, dont les qualités sont de plus en plus appréciées par nos populations ; son vieil ami M. Victor Pagès, président du Conseil général ; et M. Martin-Binachon, ancien conseiller général, qui avait su prendre au sein de notre Assemblée départementale une place importante.

            Il boit à la santé des convives et de leurs familles ; à la commune de St-Julien Chapteuil et aux communes du canton auxquelles il souhaite une grande prospérité.

            M. Laurent Eynac, qui est l’objet d’une chaleureuse ovation, prend le dernier la parole.

            « J’éprouve, dit-il, une émouvante joie à me retrouver parmi vous. Cette satisfaction de reprendre un contact étroit avec la laborieuse et sympathique population de St-Julien, avec des amis fidèles et sûrs, je l’attendais depuis longtemps, depuis le fâcheux accident qui m’immobilisa pendant la période électorale et m’éloigna de vous. Aussi, je ne saurais vous dire combien est profond aujourd’hui mon contentement et combien ma reconnaissance et mon entier dévouement vous sont acquis. »

            Après avoir adressé un hommage et un souvenir à M. Charles Dupuy, retenu loin de nous encore par son état de santé, M. Laurent Eynac déclare que sa satisfaction est accrue encore par la présence de M. Enjolras, sénateur, dont le nm est devenu synonyme de dévouement ; par celles de M. Périès, préfet de la Haute-Loire ; de M. Victor Pagès, président du Conseil général, de son ami, M. Martin-Binachon, ancien conseiller général ; et aussi par celle de tous les représentants du canton et de la commune de St-Julien-Chapteuil ; son collègue au conseil général, M. Vernet ; M. Habouzit, conseiller d’arrondissement, et les maires des diverses communes. Leur présence à ce banquet prouve combien sont étroits, solides, cordiaux les sentiments qui les unissent à leurs représentants républicains. Tous sont cœur à cœur avec leurs mandants et une confiance réciproque les anime. De cette fidélité dans l’attachement, la commune et le canton de Saint-Julien lui ont donné une preuve manifeste dans les conditions les plus difficiles. Il tient à les remercier sincèrement et du fond du cœur.

            Rappelant l’impressionnante cérémonie de la matinée, M. Laurent Eynac dit qu’il a considéré comme un devoir impérieux pour lui d’apporter son hommage et son salut aux glorieux morts de St-Julien. Ils étaient des fils de notre montagne, de notre terre ; ils appartenaient à la masse rurale, au peuple de France, à ce peuple qui est le cœur même de la Patrie et qui, à toutes les heures de notre Histoire, a sauvé la Nation. Notre devoir aujourd’hui est de les glorifier, de les honorer.

            M. Laurent Eynac, toujours acclamé, retrace brièvement les principales lignes du grand œuvre accompli par la République au cours de la guerre, de cet effort républicain qui a donné la victoire à nos armées, et soulevé l’admiration du monde entier.

            Maintenant une autre tâche s’impose à tous, la reconstruction nationale. A cette besogne il faut que chacun s’attache avec ardeur et avec volonté. La classe paysanne a un rôle important à jouer dans la fondation de cet édifice.

            En terminant, il glorifie la classe laborieuse des champs, la démocratie paysanne et républicaine ; il lève son verre au drapeau du progrès, emblème et idole de la République.

            Une longue ovation souligne cette éloquente allocution dont notre analyse ne peut laisser qu’une bien faible impression.

            M. Martin-Binachon, en quelques paroles très applaudies, remercie les divers orateurs et les convives du touchant témoignage de sympathie qu’ils lui ont donné.

            La séance est ensuite levée pour permettre à MM. Laurent Eynac, Enjolras, Périès et Pagès d’assister à la soirée qui avait été organisée au Puy en l’honneur et au profit des Pupilles de la Nation. Leur présence à cette manifestation apparaissait à tous comme l’heureux couronnement de la belle et impressionnante journée de Saint-Julien Chapteuil.

            

     Source : AD 43 cote 2 pb 8 – Journal « La Haute-Loire »

      

      

      

      


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  • Discours de M. Victor Pagès

    Président du Conseil général

            « Messieurs,

            Je suis heureux d’avoir été associé à la cérémonie de ce matin et à ce banquet.

            Je tiens à remercier publiquement votre maire, si sympathique et si dévoué et le Conseil municipal de votre commune, d’avoir pensé que le président du Conseil général était à sa place au milieu de vous dans une cérémonie pareille.

            Le département de la Haute-Loire est fier de ceux que vous honorez aujourd’hui. Comme vous, il lit avec émotion les noms que porte votre beau monument.

            A la cérémonie de famille, grave et cordiale que vous célébrez aujourd’hui, j’ose dire qu’il manquerait quelque chose, si on n’y sentait pas battre le cœur de notre département.

            J’ai accepté avec d’autant plus d’empressement votre invitation, M. le maire, que j’avais pu, déjà, admirer votre œuvre.

            Au cours d’une tournée, qui, d’ailleurs, a montré quels éleveurs avisés et méritants compte votre commune, j’avais eu la surprise agréable de ne plus reconnaître, ici, cette place de la mairie, qui m’était pourtant familière. Depuis ce jour, j’ai un compliment à vous faire : et je crois que ce compliment vient aussi à l’esprit de tous les passants ; il m’en aurait un peu coûté de ne pas pouvoir vous l’adresser (ne croyez pas cependant que je sois un de ces orateurs qui souffrent d’un discours rentré, non ! je n’ai pas la démangeaison de vous faire un discours ; je crains d’abuser de votre attention et je laisse la place à de plus dignes). Tout simplement, je vous dis : Bravo, pour ce monument si imposant et si crâne ! Saint-Julien Chapteuil était déjà un pays bien pittoresque, vous avez ajouté aux charmes de sa physionomie si originale, tout en rendant à vos morts glorieux l’hommage de votre reconnaissance patriotique et de votre souvenir ému.

            Laissez-moi ajouter aussi que j’ai été heureux de me joindre à mon éminent ami, le ministre Laurent Eynac, à mon camarade, le sénateur Enjolras et à notre si distingué préfet M. Périès.

            Je saisis l’occasion de les saluer en votre nom et au nom du département de la Haute-Loire. Je les remercie de leur dévouement aux intérêts du pays, dévouement cent fois éprouvé, et dont leur présence au milieu de vous est une nouvelle preuve.

            Messieurs, le culte que nous rendons aux morts de la guerre, ainsi que les rudes enseignements et le lourd héritage de ces années tragiques, prescrivent à tous les républicains une solidarité étroite.

            Nous ne pouvons pas nous maintenir dans la voie du progrès démocratiques, si les vieilles querelles de parti ne sont pas franchement répudiées ; la France ne recueillera tous les bienfaits des principes républicains, dans lesquels elle s’est réfugiée après la faillite de tous les régimes monarchiques que si les partis de gouvernement se tiennent en contact étroit avec le peuple.

            Pour que notre pays évolue, dans l’ordre, vers plus de prospérité et de justice, il faut que nous conservions le sentiment de ce qu’il y a de grand, de fécond dans le souffle révolutionnaire.

            Au moment où nous voulons glorifier les morts de la guerre, rappelons-nous que si nous sommes fiers d’eux, c’est parce qu’ils ont été les soldats du droit. Sous l’uniforme du soldat, ils restaient des citoyens libres. La révolution qui a placé la souveraineté dans le peuple, et qui a proclamé l’égalité des hommes, a donné à notre patriotisme toute sa noblesse.

            Messieurs, je bois à la République, vive l’Union et en avant ! »

      

      

      


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