• M. Laurent Eynac donne alors la parole aux divers orateurs :

     

    Discours de M. Thonat

    Instituteur, président de la section des combattants

     

    « Monsieur le maire,

    Mesdames, Messieurs,

    Chers camarades,

            Au nom du comité d’érection, j’ai le très grand honneur de remettre à la ville de Saint-Julien Chapteuil le monument que la piété de tous, dans un sentiment unanime d’infinie reconnaissance, vient d’édifier à la mémoire des enfants de la commune morts pour la France.

            Je remercie M. le maire, la municipalité et le Conseil municipal pour la précieuse collaboration qu’ils ont bien voulu nous accorder, pour les sacrifices qu’ils ont consentis, pour le dévouement jamais lassé dont ils ont fait preuve pour faire de notre cérémonie d’aujourd’hui un hommage grandiose digne du sacrifice de ceux dont nous évoquons pieusement la mémoire.

            C’est grâce à l’effort de tous, grâce à la collaboration de toute la population que nous avons pu élever ce monument. Je suis heureux de vous dire aujourd’hui l’accueil bienveillant que nous avons reçu partout quand nous avons recueilli les souscriptions. Il n’est pas une famille qui n’ait voulu donner son obole, ajouter une pierre à notre stèle. Les dons les plus modestes étaient parfois les plus émouvants. Que de privations, que d’heures de pénible labeur représentait souvent le billet qu’on nous offrait de si bon cœur. Que de paupières s’humectaient à la pensée de contribuer à la mémoire de nos héros !

            Vous avez tous compris la signification de notre œuvre comme vous aviez senti au plus profond de vous-mêmes l’immensité du sacrifice de ceux que nous glorifions aujourd’hui grâce à notre générosité.

            Au nom du comité d’érection soyez-en remerciés.

            Notre monument sera en effet l’attestation la plus émouvante du courage, du dévouement, de l’esprit de sacrifice des enfants de la commune. Soyez fiers de l’avoir élevé. Il nous dira sans cesse : N’oubliez pas !

            N’oubliez pas les sombres jours de la mobilisation, le spectacle de cette vaillante jeunesse qui après avoir donné un dernier baiser à la femme, aux enfants, aux vieux parents, partit sans forfanterie, mais avec une résolution farouche vers les suprêmes sacrifices.

            Il nous dira, ce monument, n’oubliez pas les horreurs de cette lutte gigantesque, les angoisses des mauvais jours, l’horrible vision de la défaite, l’épouvantable crainte de tomber sous le joug d’un ennemi implacable, l’inexprimable soulagement que causaient nos succès, la suprême joie de la victoire, de la délivrance.

            Il nous dira que nous devons notre liberté, notre sécurité à l’héroïsme, à l’esprit d’abnégation de tous nos soldats, mais notre hommage d’infinie reconnaissance doit aller surtout à ceux qui ont payé de leur vie la victoire du Droit, le triomphe de notre sainte cause. Il nous dira : Ne les oubliez pas !

            A vous, père affligé, mère inconsolable, veuve éplorée, petits orphelins privés du meilleur appui, ce monument dira : Souvenez-vous de l’exemple que vous ont donné ceux que vous pleurez. Redressez-vous dans votre douleur et soyez fiers d’avoir produit un tel fils, d’avoir mérité l’affection d’un tel homme, de pouvoir vous réclamer d’un tel père ! Ils furent des héros.

            Aux générations futures, ce monument dira également : N’oubliez pas !

            Enfants de la commune qui m’écoutez, il faudra que vous sachiez les noms de ces héros, que vous lisiez et relisiez avec vénération cette longue liste de plus de cent noms de vos compatriotes et dans laquelle beaucoup d’entre vous comptent un père, un frère, un parent !

            Sachez mes enfants, que c’est pour vous qu’ils sont morts, que c’est pour vous assurer une existence heureuse qu’ils ont sacrifié leur vie.

            Quand vous serez un peu plus grands, votre cœur, votre raison vous diront quelle reconnaissance vous devez à ces héros ! Vous transmettrez pieusement leur souvenir aux générations futures, vous ne souffrirez pas que quelqu’un passe indifférent devant son long nécrologe. Ils nous ont donné le plus bel exemple de courage d’opiniâtre ténacité, de dévouement à la patrie.

            Cette leçon des morts, mes petits amis, ne l’oubliez jamais ! Soyez prêts à marcher sur leur trace s’il le fallait !

            N’oubliez pas qu’il existe une nation de proie dont les dirigeants ont déclenché le plus épouvantable cataclysme qu’ait connu l’humanité, qui vous a privé d’un père, d’un frère, d’un parent, qui a fauché la plus belle jeunesse française ! Ne l’oubliez pas !

            Et nous, mes chers compagnons d’armes, que nous dira ce monument ?

            Je connais l’émotion qui fait vibrer tout votre être. Je l’éprouve moi-même ! En traduisant mes sentiments, j’espère être votre interprète. N’est-ce pas qu’ils seraient fiers nos glorieux morts s’ils voyaient aujourd’hui l’hommage unanime de leurs compatriotes ! Ils seraient heureux de voir qu’on a senti l’immensité de leur sacrifice et que ce n’est pas en vain qu’ils ont donné leur vie. La terre natale recueille les restes de quelques-uns de ces héros ; malheureusement tous ne viendront pas reposer parmi leurs aïeux.

            Le marbre du monument réunit ceux qui sont tombés épars pour une même cause. Nous sentirons ainsi plus près de nous, parmi nous, comme aux jours de combats ceux qu’a dispersés l’affreuse tourmente. Nous n’oublierons pas nous aussi !

            Et puisqu’il est vrai que le souvenir des morts plane sur nous, guide nos plus secrètes pensées, que nous diront ceux-ci ?

            Leur vie et leur mort parlent pour eux : Profitons de la forte leçon qu’ils nous ont donnée. Que cette bonne camaraderie, que ces solides amitiés qui sont nées en face de l’ennemi, qui se sont fortifiées à l’odeur de la poudre ne périssent jamais. Que les liens qui nous unissaient dans les combats dans les épreuves ne se relâchent pas ! Nous avons appris à nous connaître, nous avons partagé les mêmes joies, les mêmes souffrances, nos souvenirs sont les mêmes !

            Restons unis comme au front, nos morts nous y convient, ce monument nous le répète.

            Restons unis pour honorer la mémoire de nos chers morts, pour entourer leur famille de leur vénération.

            Restons uni pour un travail fécond, pour le relèvement de notre chère Patrie, pour l’avènement d’une ère toujours plus belle de Paix, de Liberté, de Justice et de Fraternité. »

    ( à suivre...)


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  • Une belle journée, chaudement ensoleillée, a favorisé dimanche l’inauguration du monument que la commune de Saint-Julien-Chapteuil a élevé pour commémorer ses glorieux morts. Ce monument, formé d’une haute stèle en pierre d’Auteyrac, se dresse sur la place de la  Mairie au croisement des routes de Saint-Julien au Puy, à Saint-Front et au Pertuis. Son aspect est à la fois sévère et élégant. La stèle, érigée sur un rond-point qui forme parterre et qu’entoure une grille en fer, comporte sur les faces de la base des plaques de marbre sur lesquelles ont été gravés les noms des 102 enfants de la commune tombés au champ d’honneur. Des trophées de guerre, un canon, des obus de gros calibre posés avec goût autour de la stèle lui font un encadrement impressionnant. L’ensemble produit un effet des plus heureux.

            A cette occasion, la ville de Saint-Julien-Chapteuil avait revêtu sa plus belle parure de fête ; la mairie avait été décorée et pavoisée avec un soin particulier. Sur la façade avait été élevée une estrade pour les invités et les notabilités de la commune et du canton.

            Cette cérémonie était présidée par M. Laurent Eynac, député, sous-secrétaire d’Etat à l’Aéronautique, qui retenu à Paris jusqu’à samedi soir par ses occupations ministérielles avait dû pour être exact au rendez-vous et ne pas retarder l’heure de l’inauguration, venir en auto de Saint-Etienne jusqu’à Saint-Julien. Il était reçu à l’entrée de la ville par M. Vernet, maire et conseiller général de Saint-Julien, qu’accompagnaient MM. Enjolras, sénateur ; P. Périès, préfet de la Haute-Loire ; Victor Pagès, président du conseil général, arrivés depuis quelques minutes seulement. De magnifiques gerbes de fleurs leur sont offertes par des enfants de nos écoles publiques. La fanfare d’Yssingeaux, sous la direction de son distingué chef, M. Placide, attaque la Marseillaise que la foule, massée sur la place de la Mairie écoute tête découverte et applaudit chaleureusement. M. Laurent Eynac, salué et acclamé, gagne la salle du conseil municipal où ont lieu les réceptions.

            M. Vernet souhaite la bienvenue à M. Laurent Eynac et lui présente successivement ses adjoints à la mairie, MM. Layes et Boyer, les membres du conseil municipal, M. Habouzit, conseiller d’arrondissement et maire de Lantriac, les maires du canton  MM. Mijola, du Pertuis ; Chalendar, de Montusclat ; Monchalin, de Queyrières ; Chapuis, de Saint-Etienne Lardeyrol ; Gros, de Saint-Hostien ; Chapuis, de Saint-Pierre Eynac ; M. Thonat, président de la section des combattants de Saint-Julien, et ses collègues, les fonctionnaires de Saint-Julien ; M. le chanoine Margerit et les membres du clergé de Saint-Julien. Pour tous M. Laurent Eynac trouve une parole aimable.

            Il remercie M. Vernet de cette réception, il a répondu avec empressement à l’invitation de Saint-Julien, il savait qu’il trouverait une population amie et dévouée et il exprime le vif plaisir qu’il éprouve de reprendre aujourd’hui contact avec elle.

            Le cortège se forme avec ordre sur la place de la Mairie et, conduit par la fanfare d’Yssingeaux qui joue des pas redoublés entraînants, traverse la principale artère décorée de guirlandes et de trophées de drapeaux et se rend à la belle église de St-Julien pour le service religieux. Au cours de la messe, la fanfare d’Yssingeaux exécute plusieurs morceaux qui nous ont permis d’apprécier les qualités de virtuose de quelques-uns de ses membres, notamment un piston solo ; la chorale de l’église chante deux chœurs patriotiques. Ces intermèdes donnaient à cette cérémonie une solennité particulière. M. le chanoine Margerit glorifie dans un sermon « Ceux qui pieusement sont mort pour la Patrie et notre France éternelle ». Après la lecture des noms des morts le cortège regagne la place de la mairie pour l’inauguration du monument.

            M. le chanoine Margerit procède à la bénédiction rituelle du monument, de nombreuses gerbes de fleurs sont déposées au pied de la stèle ; les personnages officiels prennent place sur l’estrade adossés à la mairie ; sous la direction de M. Thonas, instituteur, les enfants de nos écoles publiques entonnent des chœurs de circonstance, que la foule massée sur la place applaudit avec enthousiasme.

                                                         (A suivre, les discours...)

     

     

     

     

     

    Source : AD43 cote 2 pb 8 – Journal « La Haute-Loire »

    Transcription de l’article paru en juillet 1921

     

     


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  • Dans le cadre des commémorations du 11 novembre, les associations A.G.O.R.A. et GENDEP43, en partenariat avec les Anciens Combattants, les Compagnons de Chapteuil, et la municipalité de Saint-Julien Chapteuil, ont tenu à rendre un hommage appuyé aux Poilus de la commune.

    Pendant la semaine du 8 au 14 novembre 2010, cet hommage a donné lieu à diverses manifestations.

    Toute la semaine, une exposition "Les Poilus de Saint-Julien Chapteuil" a accueilli en mairie près de 400 visiteurs, dont des classes des écoles et collèges de la commune.

    Cette exposition a été enrichie par de nombreux documents et objets, prêtés par des particuliers. Les travaux présentés ainsi que les copies des documents concernant Saint-Julien Chapteuil sont désormais archivés en mairie, et certains seront consultables sur ce blog, afin d'être mis à la disposition de tous.

    Jeudi 11, une quarantaine de spectateurs ont assisté en début de soirée à la projection du film "Joyeux Noël" de Christian CARION.

    Samedi 13, les Compagnons de Chapteuil ont proposé et mis en scène une soirée "Lecture de lettres", écoutées avec émotion par un auditoire attentif.

      

      

      

      


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