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L'Alsace sous l'objectif : représentations de la guerre
La guerre européenne qui semblait à tous inévitable ne devait durer que quelques semaines, le temps de régler une bonne fois pour toutes le sort de l'ennemi.
En accord avec le Plan XVII, les troupes françaises pénètrent dans le Sundgau (Alsace du Sud) annexé en 1871 par le Reich allemand. Parvenus à Hirtzbach le 7 août 1914, elles sont repoussées et dès lors, la ligne de front s'établit ici, à quelques centaines de mètres du centre du village, où les allemands cantonnent.
De la Mer du Nord à la Suisse, trois armées se font face et commencent à consolider leurs positions en creusant des tranchées. La guerre de mouvement cède le pas à la guerre d'usure : on s'installe dans une longue bataille ininterrompue, rythmée par l'attente et l'observation de l'ennemi plus encore que par les offensives.
Même si c'était le cinéma qui incarnait la véritable nouveauté dans la documentation du réel de la guerre, la photographie a joué un rôle majeur dans la stratégie militaire (repérages) et dans la mobilisation culturelle des soldats du front ou des civils de l'arrière. D'abord versé au service géographique de l'Armée en sa qualité d'universitaire, Paul CASTELNAU (1880-1944) est ensuite associé à Ferdinand CUVILLE à la Section Photographique des Armées (SCA, créée en 1915). Là, il couvre pendant deux ans l'ensemble des fronts en France, puis au Proche-Orient (en 1918). Il utilise pour ces images le procédé autochrome breveté par les frères LUMIERE en 1903 et commercialisé en 1907, qui nécessite un certain temps de pose, contrairement aux appareils portatifs à pellicule noir et blanc que de nombreux soldats utilisent dans les tranchées, en dépit des interdictions.
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