• L'ambulance chirurgicale automobile est une unité médico-chirurgicale, qui existe au niveau du corps d'armée. Dès 1914, ces ambulances sont équipées d'une salle d'opération mobile à deux tables, avec matériel de stérilisation et de couchage nécessitant trois camions. Son personnel comporte 2 chirurgiens et 25 infirmiers. Cependant, elle ne peut fonctionner qu'avec une formation plus lourde. En février 1915, des améliorations apparaissent : un premier camion comprend une chaudière, un grand autoclave horizontal, un petit autoclave vertical, deux bouilloires, un radiateur et le linge ; un deuxième camion contient les appareils de radiographie, les parois d'une baraque opératoire de 70 m², le matériel médical et la pharmacie ; le troisième transporte le groupe électrogène.

    Il ne faut pas confondre ces ambulances chirurgicales automobiles avec les postes de secours, qui étaient installés dans des abris souvent précaires et dans des conditions difficiles. Parcimonieux, voire quasi inexistants dans les premières semaines de la guerre, les soins sont ensuite donnés avec une qualité plus ou moins bonne en fonction des capacités d'accueil des ambulances ou postes de secours, hôpitaux de campagne et infirmeries. Malgré le dévouement des médecins et du personnel des services de santé, ces infrastructures médicales sont souvent incapables de faire face à l'affluence des trop nombreux blessés, manquant de place, de matériel, et d'hommes... Beaucoup de soldats auraient pu être sauvés s'ils avaient reçus en temps utile les soins appropriés. mais il s'écoulait trop souvent une longue période de temps entre le moment où le soldat était blessé, celui où il pouvait être récupéré sur le champ de bataille, et celui où il pouvait recevoir les premiers soins, avant d'être si nécessaire envoyé vers les hôpitaux de l'arrière. Il arrivait que les pansements soient faits tout au long de la nuit, souvent en pleine obscurité, en tâtant les plaies, la moindre lueur de lampe électrique provoquant une rafale de mitrailleuse. Dans ces conditions, les mains étaient sales, pleines de terre et de sang...

    Durant toute la guerre, lors des attaques, l'afflux des blessés ne permettait plus aux brancardiers des régiments, trop peu nombreux, d'assurer correctement leur transport vers l'arrière. Les médecins pouvaient alors faire une demande auprès du Service de Santé, afin que les musiciens de la fanfare de leur bataillon soient ponctuellement envoyés en renfort comme brancardiers... Il faut souligner enfin que la tâche des brancardiers était particulièrement périlleuse.

      


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  • La guerre européenne qui semblait à tous inévitable ne devait durer que quelques semaines, le temps de régler une bonne fois pour toutes le sort de l'ennemi.

    En accord avec le Plan XVII, les troupes françaises pénètrent dans le Sundgau (Alsace du Sud) annexé en 1871 par le Reich allemand. Parvenus à Hirtzbach le 7 août 1914, elles sont repoussées et dès lors, la ligne de front s'établit ici, à quelques centaines de mètres du centre du village, où les allemands cantonnent.

    De la Mer du Nord à la Suisse, trois armées se font face et commencent à consolider leurs positions en creusant des tranchées. La guerre de mouvement cède le pas à la guerre d'usure : on s'installe dans une longue bataille ininterrompue, rythmée par l'attente et l'observation de l'ennemi plus encore que par les offensives.

    Même si c'était le cinéma qui incarnait la véritable nouveauté dans la documentation du réel de la guerre, la photographie a joué un rôle majeur dans la stratégie militaire (repérages) et dans la mobilisation culturelle des soldats du front ou des civils de l'arrière. D'abord versé au service géographique de l'Armée en sa qualité d'universitaire, Paul CASTELNAU (1880-1944) est ensuite associé à Ferdinand CUVILLE à la Section Photographique des Armées (SCA, créée en 1915). Là, il couvre pendant deux ans l'ensemble des fronts en France, puis au Proche-Orient (en 1918). Il utilise pour ces images le procédé autochrome breveté par les frères LUMIERE en 1903 et commercialisé en 1907, qui nécessite un certain temps de pose, contrairement aux appareils portatifs à pellicule noir et blanc que de nombreux soldats utilisent dans les tranchées, en dépit des interdictions.

    L'Alsace sous l'objectif : représentations de la guerre


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  • Le Bleuet de France est le symbole de la mémoire et de la solidarité, en France, envers les anciens combattants et les autres victimes de la guerre.

    Son origine remonte à 1916, lorsque l'infirmière Suzanne Lenhardt et Charlotte Malleterre, fille du général Gustave Léon Niox et épouse du général Gabriel Malleterre, toutes deux touchées par les souffrances qu'endurent les blessés de guerre, décident de les aider à oublier leur douleur en leur faisant confectionner ces bleuets en tissu. Cela leur permet également de procurer des ressources à ces blessés.

    La fleur de bleuet a été choisie en hommage aux jeunes soldats appelés "les Bleuets" en raison de la couleur de leur uniforme.

    Le principe existe aussi en Angleterre, où le symbole est le coquelicot, qui poussait en grand nombre sur les champs de bataille et dans les cimetières militaire de Flandres.

    Le 15 septembre 1920, Louis Fontenaille, Président des Mutilés de France, soumit un rapport au Comité Permanent Interallié, rapport destiné à rendre durable le Bleuet de France et sa fonction. Son objectif est toujours d'aider les blessés de guerre et de recueillir de l'argent afin d'augmenter leurs ressources. En 1928, un atelier de création des Bleuets fut créé aux Invalides par Charlotte Malleterre et Suzanne Lenhardt. Une délégation remit un de ces Bleuets à Gaston Doumergue, Président de la République, le 11 novembre de la même année. La vente devint nationale à partir de 1935, et en 1957 le 8 mai devint le deuxième jour de collecte de fonds par le biais de ces ventes.

      

    Plus d'informations sur  www.bleuetdefrance.fr/

      

      

      


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  • Artiflot : mot de caserne désignant l’artilleur. Ce mot est une fusion d’artilleur et de fiflot, pour troupier, mot de l’argot parisien.

    Boche : pendant la guerre de 1870, le terme « boche » est encore inconnu, les Allemands sont nommés exclusivement les Prussiens. Ce n’est qu’après la guerre de 1870 qu’apparait cette dénomination. Le terme est utilisé dans les milieux professionnels où l’on avait recours à la main-d’œuvre allemande,  qui désignèrent ainsi  vers 1874 les ouvriers typographe d’origine allemande ou flamande parce qu’ils comprenaient difficilement.  « Boche » est l’abréviation parisienne du terme « caboche », signifiant « tête dure », et pouvait être traduit par « mauvais sujet ».

    Dans les tranchées et dans la presse, le terme « boche » est ensuite décliné à tout-va : bochiser pour germaniser, Bochonnie ou Bochie pour Allemagne, bochonnerie pour vilenie de Boche...

    Croix de bois : gagner la croix de bois, c’était mourir au champ d’honneur, en opposition à la croix de fer qui décorait les soldats allemands méritants.

    Aller à la fourchette : charger à la baïonnette, aussi appelée « cure-dents », « tue-boches » ou « tire-boches ». La baïonnette est aussi nommée Rosalie, alors que le sabre des cavaliers devient Jacqueline. « L’écho des Gourbis » organe des troglodytes du front, consacre son n° du 3 mai 1915 à « La Journée de Rosalie », sous forme d’une pièce en vers qui débute ainsi

                  Une brave Française
                 Partout où l’on se bat
                              S’en va dans la fournaise
                              Avec chaque soldat
                             Toujours elle est en tête
                             Quand on monte à l’assaut
                             C’est la baïonnette...
                             Mais le nom qu’il lui faut,
                             C’est ce nom nouveau,
                             Fier et rigolo,
                            Chic, français et parigot.
                             Rosalie ! Rosalie !
                            Ton nom nouveau te va bien.
                             Faut, ma belle,
                             Qu’on t’appelle
                             Ainsi, sacré nom d’un chien !

     

    Aller au jus : se précipiter à l’assaut de la tranchée ennemi et affronter les « moulins à café » adverses...

     

    Moulins à café : les mitrailleuses... d’où l’expression « aller au jus ». La mitrailleuse est comparée à une machine à découdre ou un moulin à café en raison de son bruit caractéristique.

    Le fusil est appelé arbalète, lance-pierres, nougat, seringue...

    Poilu : ce surnom vient de la signification du mot « poilu » désignant aussi à l’époque dans le langage familier quelqu’un de courageux, de viril. Avant d’être le soldat de 14-18, le Poilu est le grognard d’Austerlitz. Une explication populaire veut que le surnom ait été donné pendant la Grande Guerre, du fait des conditions de vie dans les tranchées, les soldats se laissant pousser barbe et moustache, et paraissant de ce fait tous poilus. Il est à noter que dès que les gaz firent leur apparition, les masques à gaz obligèrent les soldats à se raser. La censure interdisait aux journaux transmettant des informations sur la guerre et le front d’utiliser ce terme.

    Singe : viande de bœuf en conserve.

    Boite de singe : terme désignant l’obus de 77, par allusion à sa forme.

    Crapouillot : désigne les différents types de mortier de tranchée et leurs projectiles. Ces armes, servies par des artilleurs de tranchées, furent beaucoup utilisées parce que leur tir courbe était adapté à la guerre des tranchées.

    Taupe : surnom donné aux soldats allemands qui creusaient des galeries dans les tranchées, baptisés ainsi parce qu’ils remuaient sans cesse la terre, avec laquelle ils se confondaient grâce à la couleur de leurs uniformes.

    Zigouiller : dans le Centre et l’Ouest de la France, « zigouiller » signifiait couper avec un mauvais couteau, en faisant des déchirures comme avec une scie ; c’est un dérivé de l’onomatopée zik qui exprime un mouvement brusque et se retrouve par exemple dans le mot zigzag. C’était un mot cher aux Apaches, au sens de tuer à coups de couteau. Par extension, zigouiller devient synonyme de couper la gorge, tuer avec le sabre ou la baïonnette.

     Bouthéon : marmite militaire pour le transport des aliments.

    Tampon : militaire ordonnance, mis au service d’un officier pour s’occuper de ses affaires personnelles.

    Falot : lanterne portative de grande dimension.

    Passer au falot : passer en conseil de guerre. Par extension, passer devant une commission de discipline.

    Ras à queue : grenade à main sphérique, munie d’une longue tige et montée sur un adaptateur permettant de la lancer avec un simple fusil d’infanterie Mauser. Elle est dangereuse parce que très rapide et précise. Ce projectile lancé avec trop d’efficacité a tendance à s’enfoncer très profondément dans le sol avant explosion.

    Sape : galerie creusée par le génie militaire sous le no man’s land, afin de faire exploser de grandes quantités d’explosifs sous les tranchées adverses. Par extension, sape est utilisé pour abri.

    Feuillées : latrines de campagne, généralement creusées dans la terre un peu à l’écart des tranchées principales.

    Marmite : nom ironique, donné aux gros obus, pesant parfois plus de cent kilos.

    Boulot : autre graphie de bouleau, terme appartenant à l’origine exclusivement aux sculpteurs sur bois et aux menuisiers en meubles du faubourg Saint-Antoine. Le bouleau est un bois difficile à travailler, en raison de son fils capricieux et de sa propension à s’écorcher. Les menuisiers maugréaient quand ils le travaillaient. Le bouleau devint ainsi synonyme de travail dur, pénible. Puis ce mot franchit le faubourg pour s’étendre aux différents corps de métiers, adopté par tous les ouvriers. Ce terme, inconnu avant 1890, avait commencé son tour de France...

    Doublard : sergent-major, ainsi surnommé à cause du double liseré

    Boyau : fossé qui conduit aux tranchées et dans lequel on descend par un escalier de terre battue ou une échelle.

    Zigomar : nom donné au sabre des cavaliers.

    Bouchers noirs : surnom donné aux artilleurs à cause de leur uniforme sombre.

    Guitoune ou gourbi : nom donné aux abris destinés aux officiers, aux fractions de réserve ou aux troupes de seconde ligne. A  l’origine terme colonial, en arabe algérien, kitoun signifie la tente de voyage et gourbi la hutte de branchage et de terre sèche.

    Toubib : en arabe tebib, le mot déjà connu à Paris est devenu usuel dans les tranchées.

     

    Source : "L'Argot des Tranchées", L. SAINEAN (BNF Gallica)


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  • Lorsque le mode de recrutement basé sur le volontariat fut aboli par la Constitution de l’an III (22 août 1795), la loi du 19 fructidor an VI (5 septembre 1798) créa la conscription. La loi Jourdan, du nom de son rapporteur, établissait que « l’armée de terre se forme par enrôlement volontaire et par la voie de la conscription militaire ».

    L’ensemble des Français âgé de 20 à 25 ans, répartis en cinq classes distinctes devait servir l’Empire pendant cinq ans. Seule une partie des jeunes gens soumis à la conscription étaient intégrés dans les unités, l’autre partie formant une réserve d’hommes disponibles en cas de levées supplémentaires. Le choix des conscrits se faisait en fonction de l’âge, les plus jeunes dans chacune des classes étant les premiers à partir.

    Dans le même temps se mit en place un système de remplacement (lois du 28 germinal an VII et du 17 ventôse an VIII), limité à ceux « qui ne pourraient supporter les fatigues de la guerre, et à ceux qui seront reconnus plus utiles à l’Etat en continuant leurs travaux ou leurs études ».

    Aux levées ordinaires se sont succédées à un rythme de plus en plus important des levées extraordinaires, qui se multiplièrent surtout après les évènements d’Espagne de 1809 et la déroute subie en 1812 en Russie. Afin de posséder d’une réserve d’hommes nécessaires aux expéditions militaires, les conscrits de plus en plus nombreux était maintenus sous les drapeaux au-delà des cinq ans prévus. Ils étaient plus d’un million rien que pour l’année 1813. Cependant, le nombre de recrues fixé pour chacune des levées était difficile à atteindre du fait de l’impopularité grandissante de la conscription. Les procédés les plus courants pour s’y soustraire furent la désertion, l’exemption ou les mutilations volontaires. Il est estimé qu’au cours de l’Empire, plus de deux millions d’hommes ont formé le contingent des armées napoléoniennes ; 7009 conscrits de Haute-Loire furent engagés aux cours des levées effectuées entre l’an XIII et 1812.

    En 1814, Louis XVIII abolit la conscription dans sa Charte constitutionnelle, le mode de recrutement de l’armée fut déterminé par une loi. Cette réorganisation du recrutement tarda à se mettre en place du fait du retour de Napoléon, et de l’occupation de la France entre 1815 et novembre 1818. L’ordonnance du 16 juillet 1815 fixa le recrutement de conscrits à partir d’engagements volontaires. Ce volontariat ne permettant pas de lever assez d’hommes,  une loi fut promulguée le 10 mars 1818 par Gouvion Saint-Cyr, ministre de la Guerre, rétablissement la conscription et l’appel par tirage au sort. La durée du service militaire fut fixée à deux périodes de 6 ans à effectuer dans l’armée territoriale, avec la possibilité d’échapper au service en se faisant remplacer. Cette loi fut appliquée jusqu’en 1872, avec plusieurs aménagements, modifications de durée, limitation des mesures de remplacement. La loi Niel du 1er février 1868 fixa à 5 ans le temps passé sous les drapeaux et 4 ans dans l’armée de réserve.

    Après la défaite de 1870, le gouvernement voulut reconstituer une armée en instituant un service universel. Le service devint obligatoire pour tous les conscrits, le remplacement fut supprimé. Tout conscrit déclaré apte était engagé pour 5 ans dans l’armée active, puis faisait partie durant 4 ans de la réserve de l’armée active, puis durant 5 ans de l’armée territoriale et au cours de 6 années supplémentaires faisait partie de la réserve de l’armée territoriale. Il était donc mobilisable de l’âge de 20 ans à l’âge de 40 ans. Conserver tous les Français aptes durant cinq ans étant impossible, le tirage au sort fut maintenu, les bons numéros effectuant un an de service, les mauvais recrutés pour cinq ans. Les dispenses furent accordées à de nombreuses catégories de conscrits, fonctionnaires de l’Instruction Publique, élèves des grandes écoles, séminaristes…, jusqu’à  la loi du 15 juillet 1889 qui  supprimait la plupart des exemptions, maintenait le tirage au sort, et ramenait la durée dans l’armée active à 3 ans.

    La loi du 21 mars 1905 supprima le tirage au sort et rendit le service militaire obligatoire pour tous, supprima les dispenses, fixa le temps d’armée active à 2 ans et celui dans l’armée de réserve à 11 ans. L’examen médical du conseil de révision détermina les exemptions, uniquement fondées sur des incapacités physiques. Le 7 août 1913, le service fut prolongé à 3 ans, en raison de la préparation à l’état de guerre.

    La mobilisation générale étendit le service militaire à tous les hommes.

     

     


     

     

    En 1914, 8 millions d’hommes entre 18 et 45 ans sont mobilisés soit 20 % de la population.

    Selon son âge, chaque homme doit s’acquitter de ses obligations militaires, passe par trois armées réglementaires différentes :

    • l’armée d’active :

    Sont mobilisés dès le début du conflit les régiments d’active : numérotés de 1 à 176.

    Elle est composée des hommes âgés de 21 à 23 ans c’est-à-dire nés en 1891, 1892, 1893 et au delà. La durée du service est de 3 ans.

    • l’armée de réserve :

    Sont mobilisés dès le début du conflit les régiments de réserve : numérotés de 201 à 421.

    Elle est composée des hommes âgés de 24 à 33 ans c’est-à-dire nés entre 1881 et 1890. La durée est de 11 ans.

    • l’armée territoriale :

    Sont mobilisés tout au long du conflit les régiments de la territoriale et de la réserve territoriale.

    Elle est composée des hommes âgés de 34 à 39 ans c’est-à-dire nés entre 1875 et 1880, considérés comme trop âgés et plus assez entraînés pour intégrer un régiment de première ligne d’active ou de réserve. La durée est de 7 ans.

    • réserve de l’armée territoriale :

    Elle est composée des hommes âgés de 40 à 45 ans c’est-à-dire nés entre 1868 et 1874. La durée est de 7 ans.

    Rapidement la réserve de l’armée territoriale incorpore les hommes âgés de 46 à 49 ans,  c’est-à-dire nés entre 1868 et 1865.

    Les réformés et exemptés des classes 1887 à 1914 eurent l’obligation de se faire recenser en mairie dès septembre et octobre 1914 afin de passer à nouveau devant le conseil de révision.

      

      

      

      


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